Voila plus d'un mois que je n'ai pas écris sur ce bon vieux blog et qu'il se meurt, solitaire au beau milieu de la "cyber-jungle" dans l'attente d un message qui viendrait le ranimer. Je m'en excuses.
Roi de la procrastination, à force de laisser traîner les jours, il me faut aujourd'hui rattraper le retard et vous donner le résumé d un "gros" mois québécois plutôt chargé. La tâche me décourage d'avance car les souvenirs, bien qu'encore relativement frais, se bousculent anarchiquement dans ma petite cervelle. Je vais essayer de vous en brosser un tableau général pour éviter de tomber dans une description trop indigeste.
On respire... C est parti!
J ai passé une bonne partie de mon été chez mes amis québécois (du 30 juin au 7 Août) à Québec. Ce fut un agréable mois de partage et bonne transition affective pour moi après les départs successifs de Laure-Anne et de ma mère.
Durant ce mois de juillet, j ai donc partagé le quotidien estival de Félix, Xavier et leurs amis Guillaume, Laura, Laurent, Dom, Tom, Bruno, Cédric, Fouquet (les nommer est le minimum des hommages que je puisse leur faire!) qui, comme à leur habitude, m'ont magistralement accueillis et ont su me mettre très à l'aise. Au bout de deux semaines, j ai trouvé un travail de commis de cuisine dans un grand restaurant situé en plein cœur des quartiers touristiques. Après y avoir travaillé une quinzaine de jour, j'ai malheureusement dû le quitter pour poursuivre mon voyage, prétextant un mal de pied aigu.
François, un ami breton, nous à rejoint à la mi-juillet et à, lui aussi, profiter des chaudes retrouvailles et de la plongée dans le quotidien de nos amis. Ce joyeux rassemblement à donner lieu à de nombreuses soirées plus ou moins arrosées, à de belles tablées gourmandes, à de longues discussions, à de nombreux rires et délires, à de sympathiques visites et sorties... à la belle vie quoi! J ai un peu abandonné mon appareil photo durant ce séjour car François se chargeait à merveille de capturer notre quotidien (www.flickr.com/photos/fanchik/).
Ce mois à, sans nul doute, scellé notre amitié Franco-québécoise et il est aujourd'hui évident que nous nous reverrons ici, ailleurs ou quelque part en Corée du sud.
Le 7 Août, après avoir manqué mon train deux fois pour cause de non-réveil ( Mon subconscient refusait sans doute de quitter le doux confort des amis), j' ai finalement embarqué sur les rails direction Ottawa après avoir salué Francois et Félix venus m accompagner de bon matin. Départ catastrophe laissant peu de temps aux embrassades.
Après une demi journée de train, une heure de bus et quelques heures d'auto-stop, je suis enfin arrivé à la tombée de la nuit au Val à l'Ane, cette ferme biologique où je compte rester un petit moment pour me ressourcer à la campagne et apprendre quelques techniques d' agriculture. Cette ferme se trouve à Vinton, au bord de l'Outaouais, frontière fluviale entre l'Ontario et le Québec.
Le courant est très vite passé avec ma nouvelle "famille d'accueil". Le patriarche se nomme Christian (Cri-cri pour les intime
s). C est un sacré personnage difficile à résumer. Pour faire bref, cet homme est un français quelque peu fâché avec la France, venu habiter au Québec il y a 12 ans. Avant cela, il a vécu durant dix ans en Guyane auprès de tribus d'indiens amazones. Inutile de vous dire qu'il a des tas d'histoires passionnantes et savoureusement exotiques à raconter. Aujourd'hui, il est à la fois paysan (le printemps et l'été) et écrivain (l'automne et l'hiver). Il cultive pour sa propre consommation, pour nourrir sa famille et écrit des bouquins (qui lui rapportent un peu d argent) pour le plaisir. A côté de cela, il loue également des gîtes ,et bientôt des tipis, pour les touristes désireux de prendre un bol d'air à la ferme, entre rivières et forêts. Sa femme se nomme Monique et travaille comme secrétaire dans un hôpital non loin de là. Elle dirige une association locale qui promeut la découverte de jeunes musiciens et organise de petits festivals.
Je travaille chez eux quelques heures par jour en échange du logis, du couvert et de la blanchisserie. Ça me fait du bien d être là. Quel confort! Je vis en famille au milieu des plantes et des animaux. Lorsqu'il fait beau je jardine, désherbe, récolte... et quand il fait mauvais je bouquine, aide Christian dans ses travaux mécaniques ou "garde" Antoine et Arnaud, leurs enfants.
Le Val à l'âne, comme sont nom l indique, est également un refuge pour les ânes maltraités du Québec. Leur présence ici est bien commode pour l'agriculture. Ils sont une bonne source d' engrais naturel et ils éloignent les loups, renards, ours et animaux en tout genre qui pourraient nuire au lieu. Christian leur change régulièrement de pâture et les nourrit sur des champs en jachère afin qu'ils enrichissent le sol de leurs précieux excréments. Dans l'avenir, il compte bricoler du matériel agricole "attelable" pour mettre la force de travail des ânes à contribution.
Pour l'heure, nous attendons deux naissances d'ânons dans la semaine.
Ici, il y a aussi des poules, des chiens , des chats, des tas d' oiseaux (j ai vu un colibri la semaine dernière, le célèbre "oiseau mouche", c'est magnifique!), des biches sur les chemins, des moufettes, des grenouilles, des castors, des myriades de papillons... beaucoup de mouches et de moustiques également.
Christian emprunte, pour son potager, des techniques à la permaculture. Un mouvement agricole venu d' Australie et dont une amie m'avait déjà parlé. Le but de la permaculture (de "permanent culture") est de cultiver sans endommager la terre, en prenant soin de préserver sa richesse et sa diversité (f
aune, flore) et en prenant, aussi, soin des hommes en produisant des légumes de qualité. Il existe dès lors plein de stratagèmes (associations de plantes complémentaires pour éviter l'utilisation de produits chimiques, jachère, espaces aménagés pour les pollinisateurs, respect et protection des écosystèmes alentours, plantation d'arbre pour équilibrer nos rejets de CO2,...) pour minimiser intelligemment l'impact de l'homme sur la nature.
J ai bien le temps d apprécier l'érudition faunique et botanique de Christian lors de nos séances de jardinage ou de nos excursion en canot sur la rivière des Outaouais. Il en connaît un rayon et éveille, petit à petit, ma curiosité.
Dimanche dernier, nous sommes tous allés à un "Pow Wow", dans une réserve indien
ne. Le "Pow Wow" est une célébration traditionnelle indienne, empreinte de spiritualité, où ces "premières nations" se retrouvent pour chanter et danser. Danses guerrières, chants de paix, rondes de femmes, d'enfants... tout un programme orchestré par un maître de cérémonie. Ces manifestations, ouvertes au grand public, peuvent prendre la forme de concours de danses ou de simples échanges.
Les indiens n'étant plus, dans la vie de tous les jours, des guerriers emplumés vivants en tipis (du moins dans la majorité des cas), ces fêtes sont, en quelque sorte, le ciment de leur culture, un lieu de retrouvailles privilégié pour perpétuer leur tradition et exposer fièrement leur héritage. Il y aurait un parallèle à faire avec nos fest-noz. Derniers remparts traditionnels d'une culture souffrante... Au Canada, les indiens ont un statut particulier. Ils ont des lois différentes, ne sont pas taxés par l'état, peuvent cultiver et vendre leur propre tabac, etc... Ce traitement spécial ne leur rend malheureusement pas toujours service et , bien qu'il conforte leur indépendance, il a pour effet de les stigmatiser par rapport au reste de la population canadienne. Complexe cohabitation indissociable de l'Histoire.
Durant ce "pow wow", j ai dû revoir mes clichés. De nombreux indiens et indiennes, enfants du métissage, sont aujourd'hui blonds ou roux avec des yeux bleu, vert... Ça fait tout de suite moins western!
Voilà. Le retard de nouvelles est à peu près rattrapé. J'espère, une fois de plus, ne pas vous avoir trop ennuyé avec ce pavé d'informations.
En gros, la vie va même si parfois amis et amours me manquent. C'est le lot du voyageur que de mourir un peu socialement chez lui et de ne faire que traverser les paysage, les gens et le temps là-bas. Je découvres les lois du transit! Heureux, malgré cela, d'être en campagne et entouré de bonnes personnes. J' ai vraiment hâte de voir l'automne empourprer le paysage et de découvrir un peu plus les environs dont je ne manquerais pas de vous faire profiter.
Gros bisous à tous et à bientôt.
Hervé.